Depuis 2005, Mathieu Blais a publié cinq recueils de poèmes et deux romans écrits à quatre mains avec Joël Casséus. Voici donc son premier roman solo, et il y a un vrai romancier dans ce bref livre. Il puise avec brio dans notre mythologie, conjuguée au présent, pour raconter un moment dans la vie d’un certain Paul Laberge, dont on ne sait ce qu’il fuit. Pour cela, Blais a réuni toute une série de « traits distinctifs » et de fantasmes fondateurs du Québécois dit de souche : le quotidien dans un « camp », le fleuve, le « bois », l’appel de la route (« la foi dans le chemin », pour reprendre les mots de Blais), l’hiver, des figures emblématiques de notre littérature (le Survenant, Séraphin, le nègre blanc d’Amérique, mais aussi les poètes Alfred DesRochers, Michèle Lalonde, Miron), le métissage, la Côte-Nord, le catholicisme, notre ambivalence devant l’émancipation, et le clan tricoté (trop) serré… Que reprocher alors à ce court roman aussi poétique qu’incarné, véritable roman du terroir contemporain ? D’avoir, hélas, un début et une conclusion alambiqués, laborieux, qui ne sont pas à la hauteur du cœur du roman de Mathieu Blais.

— Marie-Christine Blais, La Presse

« La Côte-Nord était un surf and turf incroyable : il y retrouvait l’essentiel de ce qu’il aimait le plus de la nature québécoise. L’hostilité et le silence agressif du bois, la pleine puissance fluviale et tout ce qui venait avec. Entre une gorgée de gin et les bourgots frais, Roberge équilibrait ses sens en humant le parfum des épinettes et du varech. »